En 1190, un détachement de chevaliers croisés passaient un défilé sarrasin, entreprise dangereuse proche de la pure et simple folie. Il y avait 5000 chevaliers. Au bout d'une heure de marche interminable sous la chaleur et l'étouffement dus au soleil et aux armures, les chevaliers n'étaient plus les seuls sur ces terres : en haut aussi, ça s'activait.
Des maures étaient postés au-devant des autres. L'un d'eux fit de grand gestes vers l'arrière. Mais les croisés ne virent rien.
Tout d'un coup, ce fut l'enfer. Au son d'un cor de guerre, cinq mille flèches filèrent. Elles firent presque toutes mouche. Les hommes tombaient, les chevaux hennissaient, les traits se plantaient, impitoyables. Les archers maures continuaient le massacre tandis que les croisés essayaient de se sortir du piège.
Tout d'un coup, l'arrêt. Comme si le temps s'était momentanément arrêté. Les archers cessèrent. Les croisés se relevèrent, du moins, les survivants. 4800 étaient tombés, environ. Une hécatombe.
Marmoud Al Nivah, l'homme qui avait attaqué, fit appréhender les survivants. Ils sortirent de ce défilé, enchaînés, se trainant attachés derrière les chevaux. Ils devaient être amenés jusqu'à Daar Es Ziva, place forte de l'émir Ben Kalish Nazaab, pour être mis au supplice.
Mais cela ne se fit point : en effet, après deux heures de marche harassante, un détachement croisé mené par Louis le Hautain, un noble ainsi surnommé à cause de sa taille. Ce détachement comportait 7000 hommes. La bataille fut courte. Dans un effort desespéré, Marmoud Al Nivah fit placer les lames des épées sous les gorges des prisonniers. Mais rien ne freina l'ardeur des croisés. Ils furent massacrés. Sur les deux cent survivants du défilé, 188 furent égorgés exactement. Il n'y avait qu'une douzaine de survivants.
En guise de vengeance, Louis le Hautain décida de mettre à bas le village d'Harlem Al Hamein, un petit village situé au sud du défilé rempli à présent de cadavres pourissant.
Ils se mirent donc en marche vers le village. Pendant une heure ils ont marché. Puis, ils sont arrivés devant le village.
Ils se regroupèrent et foncèrent. Ils détruisirent tout sur leur passage. Ils brulèrent les maisons, violèrent les femmes, enfermèrent les hommes dans les maisons en flammes.
La peur était partout, les gens fuyaient quand ils le pouvaient.
C'était ignoble. Indigne d'êtres humains. Vivien de Lombarnières en était dégouté, du haut de son destrier.
Alors, Vivien de Lombarnières prit une décision très courageuse. Il saisit son épée et attaqua un petit groupe de croisés qui s'en prenaient à trois femmes arabes. Ils les combattit, à un contre dix. Mais il les mit à bas. Il prit les femmes en croupe et partit du village en flammes. La terreur était à son comble, tant et si bien qu'ils purent quitter le village sans être vus.
Pendant ce temps, les habitants du village d'Harlem Al Hamein et tous les autres que les croisés attaquèrent par la suite dans la journée périrent dans les pires souffrances. En tout, dix mille sarasins étrangers aux combats religieux périrent.